En coaching, les mots, le choix des images, des expressions, des silences, des métaphores, des omissions, des généralisations et des distorsions sont cruciaux. C’est une façon de comprendre les filtres uniques de la personne et la possibilité d’agrandir le champ de perception. Et donc aussi du pouvoir du choix.
Le langage est en fait un cadre de référence et les mots peuvent avoir différentes connotations individuelles faisant partie du paysage intérieur de chacun. De là la question ‘building’ qui revient souvent : qu’est-ce que ça veut dire concrètement pour toi ? et : en quoi c’est important pour toi ?
Le metamodèle du langage, et les mots utilisés nous en disent long sur l’expérience subjective de la personne, et sa façon de penser : les métaprogrammes.
Chaque langue possède un vocabulaire propre, qui transcrit une manière de voir le monde, une géographie ou une culture, et qui ne trouve pas toujours de traduction directe ni exacte. Le français arrive en cinquième position des langues les plus parlées dans le monde, il est principalement parlé en Europe. 277 millions de personnes le parlent et comprennent aisément les mots ‘dépaysement, affriolant, retrouvailles, emberlificoter’. Ces termes seraient intraduisibles. Ce qui les rend d’autant plus intéressants.
D’autres langues connaissent des mots spécifiques qui en à peine quelques syllabes reflètent ce que le français ne parvient à décrire qu’en une ou plusieurs phrases.
Maintenant que les voyages ont pris une toute autre dimension voici une invitation à l’exploration de concepts que vous pourrez utiliser de manière créative dans le questionnement de la réalité en coaching pour amener à plus de subtilité et de compréhension lors du voyage intérieur.
Et pour s’amuser (en dépassant les frontières de son petit monde): allons au Japon, en Allemagne pour finir aux Seychelles.
OMISSIONS
Structures | Exemples | Questions |
Omission pure |
C’est urgent Je suis en colère Maintenant je comprends |
Pour qui ? Pour quand ? Au sujet de quoi ? Sur qui ? Quoi ? |
Manque de comparateur | Il est mieux apprécié | Que qui ? |
Verbes et mots non spécifiques | Je vais y travailler J’ai des difficultés à décider Je souhaite plus de reconnaissance |
Comment ? Comment fais-tu pour décider Comment souhaiterais-tu être reconnu spécifiquement? |
Manque d’index référentiel |
Les gens se plaignent On m’a dit que … |
Qui spécifiquement ? |
GENERALISATIONS
Structures | Exemples | Questions |
Operateurs modaux | Je dois réaliser ce travail | Que se passerait-il si tu ne réalisais pas ce travail ? |
Quantificateurs universels |
Il ne changera jamais Tu es toujours négatif |
Jamais ? Toujours ? |
DISTORSIONS
Structures | Exemples | Questions |
Lecture de pensée | Le client n’a pas aimé notre produit |
Comment sais-tu cela ? Et s’il l’aimait comment serait le produit ? |
Liens « cause effet » |
Il ne me salue pas, donc il ne me respecte pas Nous devons rester sur nos positions sinon il va jouer avec nos pieds |
En quoi le fait de ne pas te saluer est un manque de respect ? |
Auteurs disparus | Au travail les efforts ne sont pas récompensés | Qui dit cela ? |
Le japonais, parlé par cent trente millions de personnes dans le monde et écrit avec des kanjis (idéogrammes), des katakanas et des hiraganas (signes phonétiques), offre une infinité de nuances difficiles à cerner pour un «étranger».
Voici une sélection de mots retranscrits en rōmaji (alphabet latin), qui n’existent pas en français alors que le concept est universel.
Tsundoku : ce terme désigne cette manie compulsive d’acheter des livres qu’on n’aura pas le temps de lire et qui vont donc juste s’entasser dans la bibliothèque.
Mono no aware : à la fois esthétique et spirituel, ce concept renvoie à cette douce tristesse que l’on ressent lorsque l’on prend conscience de la fugacité des choses de la vie. S’applique par exemple à la floraison des cerisiers que les Japonais apprécient d’autant plus qu’elle ne dure guère. C’est une sensibilité pour l’éphémère en quelque sorte.
Irusu : caractérise le fait de se faire le plus discret possible et de prétendre ne pas être chez soi lorsque quelqu’un sonne à la porte.
Komorebi : l’attention que portent les Japonais aux plus infimes beautés de la nature s’exprime à merveille avec ce mot faisant référence à la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres.
Age otori : expression très utile qui pointe cette désagréable sensation que l’on éprouve parfois en sortant de chez le coiffeur : celle d’être plus horrible après qu’avant !
Kawaakari : ce mot s’applique aux reflets particuliers que peut prendre l’eau au crépuscule ou une fois la nuit tombée, par exemple le miroitement de la lune sur l’onde d’un lac ou d’une rivière.
Yoko meshi : littéralement, pourrait se traduire par « avaler de travers ». Mais cette formule fait en réalité référence à cette montée de stress qui peut nous étreindre quand nous sommes contraints de parler une langue étrangère, cette indescriptible angoisse de ne pas réussir à comprendre et/ou à se faire comprendre.
Natsukashii : cet adjectif s’emploie lorsque le passé refait brusquement surface, via un objet, un souvenir, une mélodie… Mais attention, aucune peine n’est ressentie : ce qui est natsukashii rend nostalgique, mais sans regret, plutôt avec bonheur.
Kyōiku mama : correspond à une mère qui exerce une pression et un contrôle excessifs sur ses enfants en matière d’études et d’orientation professionnelle. Clairement péjoratif.
Shoganai : pourrait être plus ou moins traduit par « il n’y a rien à faire ». Mais ce mot renvoie en réalité à toute une philosophie de l’existence, fondée sur l’importance de l’acceptation : les Japonais l’utilisent pour remonter le moral de quelqu’un qui connaît un épisode difficile en lui signifiant qu’on ne peut pas tout contrôler dans la vie, que parfois, certaines choses négatives adviennent sans qu’on n’y puisse rien. S’inquiéter, culpabiliser ou regretter n’a alors aucun sens. Shoganai est donc une espèce d’incitation au détachement.
Boketto : ce nom exprime le fait de regarder distraitement au loin, signe qu’on est physiquement présent, mais mentalement absent.
Arigata meiwaku : désigne l’aide offerte par quelqu’un sans qu’on lui ait rien demandé. Une initiative qui peut s’avérer totalement contre-productive, et pour laquelle on se sent, malgré tout, obligé d’afficher sa reconnaissance. En résumé, c’est une bonne intention… indésirable !
Koi no yokan : c’est une sorte de prémonition amoureuse. Toutes ces sensations exaltantes que l’on ressent lorsque l’on rencontre pour la première fois quelqu’un dont on devine que l’on va, immanquablement, s’éprendre. Pas tout à fait le coup de foudre, mais déjà une ébauche de passion.
Tatemae : un concept fondamental dans la culture nippone, que l’on pourrait traduire par « façade ». Tatemae, c’est ce que l’on laisse transparaître de soi-même en société, les opinions et les sentiments que l’on ose exposer en public. Cette position consensuelle, adoptée en général pour éviter de faire des vagues ou de froisser un tiers, ne peut donc pas forcément toujours correspondre à ce que l’on pense ou ce que l’on désire réellement, qui se traduit par honne. Le paraître versus l’être, en quelque sorte.
Des viennoiseries de la langue
« Die Grenzen meiner Sprache sind die Grenzen meiner Welt« , « les frontières de ma langue sont les frontières de mon monde« , écrivait le philosophe et linguiste viennois Ludwig Wittgenstein.
Les germanophones ont moins de limites quand il s’agit d’élaborer des concepts complexes ou étonnants. L’allemand, langue maternelle la plus parlée au sein de l’Union européenne, permet de créer des mots nouveaux en agglutinant et en fusionnant d’autres, comme dans un jeu de construction. Ces mots composés ne possèdent souvent pas d’homologues en français.
Cela vaut aussi pour pour le néerlandais avec par exemple ‘zelfzorg’ ; prendre soin de soi , ‘zingeving’ : un autre mot pour spiritualité qui décrit littéralement le fait de donner du sens. Et plus récemment le ‘knuffelcontact’ : la personne à câliner lors des mesures sanitaires corona, la ‘hoestschaamte’ : la honte de tousser.
Il est aisé ici encore de transposer ces concepts en questions pour faire réfléchir notre coachee :
Verschlimmbessern : fusion de deux verbes totalement contraires (aggraver et améliorer), ce mot exprime le fait d’empirer encore un problème alors même que l’on tente d’y remédier.
Drachenfutter : littéralement, ce serait de la « nourriture pour dragon ». Mais l’expression est métaphorique : elle désigne le cadeau de réconciliation offert par un homme à sa femme lorsqu’il a quelque chose à se faire pardonner.
Heimat : souvent traduit un peu rapidement par « patrie », ce terme désigne en réalité l’endroit, quel qu’il soit (maison, pays, village…), auquel on est si attaché que l’on s’y se sent totalement chez soi.
Freizeitstress : si l’on traduisait au pied de la lettre, ça donnerait « le stress du temps libre ». Mais ce mot souligne quelque chose de bien plus complexe, à savoir les tourments de l’humain moderne, angoissé à la fois par le temps qui passe inexorablement et par la charge qu’il lui reste à accomplir, mais aussi pétri par la peur de ne pas profiter pleinement de la vie.
Waldeinsamkeit : le sentiment de plénitude que l’on éprouve quand on se balade tout seul en forêt.
Schadenfreude : c’est le plaisir, cette jubilation un peu malsaine, que l’on ressent face au(x) malheur(s) d’autrui. En général, plutôt quelqu’un que l’on n’apprécie guère, que l’on envie, etc… .
Chefwitzlacher : pointe la personne qui « rit des blagues de son chef ». Autrement dit, un employé qui souhaite se bien se faire voir de sa hiérarchie et qui n’hésite pas à se montrer flagorneur.
Sonntagsleere : sorte de dépression hebdomadaire. Ce sentiment de vide que l’on ressent le dimanche, avant de commencer une nouvelle semaine.
Fernweh : composé des mots signifiant « douleur » et « loin », c’est, en quelque sorte, le contraire du mal du pays : la nostalgie d’horizons nouveaux, inconnus. A rapprocher d’un autre concept propre à l’allemand devenu populaire depuis que les anglophones l’ont repris tel quel : ‘Wanderlust‘, qui signifie la soif irrépressible de partir, d’explorer le monde.
Kopfkino : au pied de la lettre, c’est le « cinéma dans la tête ». Autrement dit, ce sont les situations que l’on invente, que l’on projette, et toutes ces images qui défilent alors dans le cerveau.
Kummerspeck : l’excès de poids entraîné par la frénésie alimentaire qui vient compenser un chagrin ou un choc émotionnel.
Torschlusspanik : littéralement, la « panique de la porte qui se ferme ». Souvent employé pour désigner les femmes rongées par leur « horloge biologique », ce terme s’applique en réalité à toute crainte de ne pas avoir le temps de réaliser un objectif, une ambition. Une peur du renoncement liée à l’âge, en somme.
Schnapsidee : une « idée schnaps ». Autrement dit, une idée tellement folle qu’elle ne peut être conçue que sous l’emprise de l’alcool. Le genre d’illuminations qui paraît de prime abord géniale, mais qui peut s’avérer mauvaise, voire ridicule, dès que l’on a recouvré ses esprits.
Fremdschämen : la honte que l’on éprouve à la place d’autrui, lorsqu’il se trouve dans une situation embarrassante.
Ohrwurm : au pied de la lettre, c’est « le ver d’oreille ». Désigne une chanson, une mélodie, que l’on parvient pas à se sortir de la tête .
Sturmfrei : la sensation que l’on ressent lorsque les parents (ou colocataires, ou autres) sont absents de la maison et que l’on peut faire ce que l’on veut en toute liberté.
Zweisamkeit : la solitude à deux. Soit l’harmonie éprouvée par un couple qui se suffit à lui-même.
Sehnsucht : un état émotionnel intense, qui n’est ni tout à fait positif ni tout à fait négatif. Ce mot mêle à la fois une forme de nostalgie, de vague à l’âme, et un désir ardent, inaccessible, qui ne se traduit pas forcément par un sentiment de manque.
Weltschmerz : la « douleur pour le monde ». Une notion pessimiste qui traduit l’abattement, voire la détresse que l’on éprouve lorsque l’on compare son idéal à la réalité, le monde tel qu’on le voudrait au monde tel qu’il est.
Et juste pour le plaisir et pour jouer avec les plus jeunes voici quelques exemples de ce spittant vokabiler seselwa, faciles à comprendre pour un francophone quand ils sont prononcés à voix haute qui, et qui est la langue la plus pratiquée par 95 % de la population des Seychelles.
Kolodan : nougat
Kotkot : poule
Tap en lagorz : boire un petit coup
Kourpa : escargot
Bebet prive : animal domestique
Doutance : soupçon
Kas dibwa : provoquer quelqu’un
Sapo feray : casque
Masin coup zerb : tondeuse
Gnongnon : violon
Oplesir : à bientôt
Nyanmnyanm : manger
Sa y bien zoli : c’est très beau
Fer kouyon : faire l’imbécile
Fanm gro vant : femme enceinte
Mous dimyel : abeille
Apat : à pied
Bwat kondamenn : tirelire
Zetwal delo sale : étoile de mer
Trou de bote : fossette
Ne ‘lâchons pa la patate’, ne cultivons pas la ‘weltschmerz’ ni trop de ‘kummerspeck’ malgré les circonstances.
Evitons la notion anti-coaching de ’arigata meiwaku’. Le printemps et ses promesses de ‘koi no yokan’ est presque là.
Bienvenue dans notre ‘coachingcommunicatiecentrum’, ‘oplesir’ et beaucoup de ‘waldeinsamkeit’ à toutes et tous au nom de toute l’équipe BAO Elan Vital.

Daniëlle De Wilde – BAO-Elan Vital
> Soirée Info & Speed Coaching en ligne le 15 mars 2021 au BAO
> Breathing Circle le 11 février 2021 par Zoom
> Masterclass burnout 12 & 13 juin 2021
> Ateliers et Stages BAO-Elan Vital
> Formations longues (Explorer – Discoverer – Expert – Voyager – Consteller)
Catégories :Actualité Ecole Elan Vital
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