Cela faisait quelques années que j’avais entendu parler des constellations familiales. Une amie séduite par cette technique héritée des rituels chamaniques m’en avait vanté les effets positifs et très concrets dans sa vie. Une façon surprenante et très efficace, m’avait-elle dit, de découvrir comment certains schémas (voire même des secrets !) peuvent se transmettre tacitement de générations en générations et impacter, de manière inconsciente, notre propre vie au point de nous mener chroniquement dans les mêmes impasses…. à moins d’y mettre un terme.
Non, nous ne sommes pas condamnés à porter indéfiniment le poids de notre histoire personnelle et familiale. Et nous ne sommes pas non plus condamnés à subir ce processus de transmission invisible !
Consteller, c’est explorer en groupe son passé pour y trouver du sens, y apporter les ressources nécessaires à la réparation et ainsi, mettre fin au cycle infernal de la répétition.
Mouai, mouai, mouai…
J’avais beau observer dans ma vie et autour de moi des scénarios répétitifs (l’ami qui se retrouve perpétuellement dans le rôle du « bon copain mais pas plus » alors qu’il a « tout pour lui », la copine qui, comme sa mère et sa grand-mère, se retrouve enceinte et abandonnée, etc…), j’avais du mal à comprendre, et donc à croire, que de parfaits inconnus puissent m’aider à éclaircir le mystère de ces éternels recommencements. Je comprenais encore moins comment ils pourraient incarner des personnes de ma famille, dont certaines décédées, et rejouer une histoire dont ils ne savaient absolument rien.
Je sais depuis longtemps que les messages que je délivre aux autres ou que je perçois sont constitués à plus de 80% de signaux non verbaux, imperceptibles, porteurs d’informations différentes de celles véhiculées par mon discours. Je sais aussi que les personnes que je croise captent ces informations subtiles et agissent, souvent instinctivement, en conséquence, par exemple en s’éloignant ou se rapprochant de moi.
Mais de là à imaginer que je puisse, à mon insu, faire en sorte que tout un système transgénérationnel se reproduise sous mes yeux, à travers un mécanisme d’« inconscient collectif », il y avait là un cap que j’avais du mal à franchir, même si cela m’intriguait.
Bref, je restais sceptique face à ce qui m’apparaissait comme très ésotérique.
Et pourtant… S’il suffisait que je lâche mon mental, cette part de moi qui cherche à comprendre, à donner du sens et à tout rationnaliser ? S’il suffisait que je cède la place à mon « cerveau droit », plus sensoriel, intuitif et spatial, celui qui me permet de vivre pleinement l’instant présent sans autre intention que de « laisser faire » et d’être en état de réceptivité ? Et si c‘était dans cet instant-là que se déroulait la véritable rencontre avec cet autre que je ne connais pas, qui ne me connaît et avec qui, pourtant, une danse inconsciente va s’installer ?
Pour en avoir le cœur net, une seule solution : expérimenter ! Et lorsque l’occasion s’est offerte à moi de passer de la curiosité à l’action, je n’ai pas hésité un seul instant.
Comble du bonheur, la constellation était organisée avec des chevaux. Quel privilège ! J’ai toujours aimé ces animaux libres et sensibles, des « maîtres » en intelligence émotionnelle paraît-il. Les chevaux n’ont pas à se libérer, eux, des voiles que le mental peut mettre sur nos ressentis et sensations.
Me voilà donc un samedi matin à Overijse, chez Marianne, spécialiste en coaching avec les chevaux. Françoise, qui va également nous aider à cheminer, nous accueille avec un grand sourire. Je suis en mode « Houlala que va-t-il se passer ? », mélange d’excitation et de peur.
Le groupe s’installe petit-à-petit en cercle. Je ne connais personne, sauf Pierre, thérapeute, qui prend le temps de regarder chacun et d‘offrir un sourire doux. Il nous invite à piocher une carte de l’ « Oracle du Tao » et à nous laisser porter par le message qu’elle délivre, sans prendre celui-ci au pied de la lettre mais en le considérant dans sa symbolique (laquelle est détaillée dans le « Livre du Tao » mis à notre disposition à la pause).
Le voyage commence ici et nous sommes encouragés à sentir et ressentir plutôt qu’à réfléchir… L’atmosphère est bienveillante et paisible, je commence à me détendre et à mieux respirer. J’aime la carte que j’ai choisie, elle me parle… Ca commence bien !
Chacun est alors convié à dire quelques mots sur lui et sur sa « quête », c-à-d à nommer ce qu’il voudrait voir progresser dans sa vie grâce à la constellation. Il ne s’agit pas de tout résoudre en une seule fois, ce serait illusoire, mais de commencer à mettre de la conscience et des hypothèses sur ce qui se passe et d’entamer un cheminement vers une résolution.
Nous sommes trois à souhaiter consteller ce jour-là et le tirage au sort me désigne… Il n’y a pas de hasard paraît-il. Le travail commence déjà : me voilà invitée à accepter de prendre ma place. Une dernière hésitation et… je me lance !
Commence alors le « casting ». Le principe est assez simple : choisir « à l’aveugle » parmi les personnes présentes celles qui vont interagir dans ma constellation.
Première étape, identifier les « personnages » qui pourraient avoir du sens dans ma quête, en l’occurrence, mes parents et mes grands-parents. Pierre m’invite ensuite à fermer les yeux. Chaque personne présente vient alors poser ses mains sur les miennes et je dois simplement ressentir : qui pourrait incarner qui ? Au début, c’est très perturbant : mon cerveau cherche à comprendre, à « bien » choisir, se demandant comment faire. Pierre m’accompagne : « Prends ton temps ». Et puis, soudain, un personnage émerge, comme une évidence, au contact d’une personne. Je glisse alors le nom du personnage dans l’oreille de Françoise qui note. Je ne sais pas qui j’ai choisi. La personne choisie ne sait pas qui elle va incarner. Les spectateurs, eux, auront accès au tableau récapitulatif. Je commence à me détendre, à lâcher mon mental et à laisser venir. Le casting se poursuit jusqu’à ce que tous les rôles soient attribués. La constellation peut commencer.
Les personnages se déplacent dans l’espace et sont invités à se regarder. Il s’agit de se positionner en choisissant instinctivement la place qui parait la plus juste. Il n’y a rien d’autre à faire que se connecter à ses sensations corporelles et être présent à soi, ici et maintenant. Chacun se laisse donc agir par l’expérience (en écoutant, par exemple, un besoin de s’éloigner ou de se rapprocher d’un autre personnage). Lorsque la position paraît « juste », le personnage s’arrête. Une image se forme. C’est le point de départ pour le thérapeute.
Je me retrouve dans un coin de la pièce. Un autre personnage me regarde. Deux autres sont un peu plus loin à l’opposé, collés l’un à l’autre. Pierre les interroge : que ressentent-ils ? De quoi ont-ils envie ? Qui se sent proche/loin de qui ? Ils sont tour à tour invités verbaliser leurs ressentis et émotions, sans jugement, aussi bizarres ou incompréhensibles puissent-ils leur paraître.
De mon côté, j’observe ce que les réponses provoquent en moi. La moindre réaction corporelle a son importance : des muscles qui se raidissent, la respiration qui change, une main qui s’agite… Le questionnement continue et Pierre commence à faire bouger le système pour voir comment il va se modifier. Un des personnages se rapproche et, instantanément, une peur irrationnelle s’empare de moi. La jeune fille en question a un visage d’ange et pourtant je n’ai aucune envie qu’elle s’approche davantage. Mon mental lutte : ce n’est pas rationnel, je ne cours aucun danger. Je ne sais toujours pas qui est ce personnage et pourtant, plus il s’approche, plus j’ai le sentiment d’être envahie dans ma bulle d’intimité. Sans que je comprenne pourquoi, mes mollets se crispent de plus en plus à son approche. Pierre m’invite à verbaliser mon besoin, je bloque ! Je suis complètement figée, les jambes raidies, comme paralysée. Avec les encouragements de Pierre, je finis par lâcher un « Non, dégage ! ». Le personnage s’arrête, trop près, top tard… Nous sommes au cœur d’un des enjeux de ma constellation. S’en suivent alors de nombreux échanges du même type où Pierre va petit-à-petit dévoiler le nom des personnages. Révélations pleine de sens pour moi et qui feront apparaître de manière très claire l’absence d’un personnage clé dans ma famille.
Pour entamer le processus de réparation, Pierre va finalement devoir faire « appel à l’équipe » en demandant à un spectateur « qui le sent » de venir incarner le personnage manquant. Une aide salvatrice se présente à moi. En la présence de ce nouveau personnage, mon corps se relâche, je me sens en sécurité. Pierre continue à accompagner le processus en invitant certains personnages à prononcer des phrases réparatrices et en m’invitant à goûter pleinement chaque seconde. La tension diminue et petit-à-petit, la constellation arrive à son terme. Je vis un sentiment de soulagement, une forme de libération. La constellation s’achève.
Je viens de vivre un « truc de wouf ! », comme dirait Françoise mais je ne suis pas la seule (tout le monde est impacté y compris les spectateurs) ! Pierre accompagne le processus jusqu’au bout. Il faut prendre soin de chacun pour qu’il quitte le personnage, parfois très chargé en émotions, qu’il a incarné. Chacun dépose alors son rôle dans le sol, dit à haute voix qu’il n’est pas ce personnage et redevient pleinement lui-même.
La constellation est terminée mais ses effets vont continuer, eux, encore pendant un long moment. Pierre Lucas, Françoise Guillick et Marianne Stas nous invitent d’ailleurs à accueillir tous les signes qui pourraient se présenter à nous dans les jours, semaines, voire les mois à venir et à mettre en œuvre des actions concrètes. Il serait en effet dommage de se priver des bénéfices de la constellation en n’apportant aucun changement (aussi petit soit-il) dans le réel.
Après une pause, nous entamons une seconde une constellation, avec les chevaux cette fois. Le processus reste le même, à la différence que deux chevaux vont intervenir dans le système. Ils incarneront chacun également un personnage. Chez les chevaux, pas de jugement. Marianne nous explique qu’ils répondent dans l’instant aux changements énergétiques autour d’eux, tantôt miroir, tantôt révélateur et à d’autres moments amplificateur de nos émotions, de nos blocages. Marianne connaît bien ses chevaux et va nous aider à décoder leurs comportements lors des constellations : tantôt le cheval pousse certains personnages l’un vers l’autre, tantôt il exclut carrément l’un d’eux du système. Tantôt il se mêle à la situation, tantôt il semble s’en désintéresser totalement. C’est extrêmement impressionnant à voir et à vivre.
En un week-end, j’ai participé à 5 constellations dont une en tant que personnage principal et deux autres comme « figurante ». Chacune de ces constellations m’a touchée et impactée, que j’y aie ou non tenu un rôle actif. Personne n’est choisi par hasard et il est frappant d’observer comment les différentes histoires résonnent les unes avec les autres.
Les deux journées s’achèvent dans une douceur chargée d’ondes très positives et l’envie de recommencer, plus tard, lorsque j’aurai encore avancé un peu plus dans ma quête, celle d’une vie. Depuis lors, je continue à bénéficier des effets de ces constellations et, comme suggéré, je suis attentive aux signes qui se présentent à moi, saisissant chaque opportunité de progresser sur mon chemin. J’ai ainsi eu une conversation extraordinaire et improbable avec un membre de ma famille qui a confirmé certains éléments révélés dans ma constellation. C’est absolument incroyable ! Non seulement, la constellation m’a aidée à y voir un peu plus clair mais elle m’a réellement permis de poser des actes très concrets. Sans compter les effets sur mon entourage.
Consteller avec les chevaux fut bel et bien un privilège, une expérience inégalable que je recommande vivement, en particulier avec l’équipe formidable qui nous a accompagnés et dont le rôle est fondamental pour assurer le bon déroulement des constellations et fournir un cadre sécurisant à chaque participant.
Et s’il suffisait d’essayer me demandais-je ?
Je confirme !
Ecrit par Anne, participante.
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