LE COACH ET LES ILLUSIONNISTES – par Christian Capouillez

Donald Trump a encore frappé !

Je l’avais pris comme exemple lors de ma certification de Trainer-Coach en décembre 2017 chez BAO-Élan Vital.

C’était, pour moi, une façon simple de faire comprendre le fonctionnement du quadrant d’Ofman® : partir de l’angle extérieur, observer le comportement et dresser ainsi ce que l’on appelle un « quadrant comportemental »(1), celui que l’on fait pour une autre personne.

En plus, je pouvais du même coup aborder l’intelligence émotionnelle à partir des réactions suscitées par son comportement et élaborer des quadrants doubles (2) (ceux qui, en s’interpénétrant, permettent d’établir une relation comportementale entre 2 personnes).

Et voilà que Trump, cet illusionniste hors pair (j’en reparlerai plus loin), m’est revenu en pensée pour me donner une bonne idée : relire ce livre de Julien Ringuette : « Pour une discipline du bonheur, le coaching » (3).

La maturité.

A partir de son expérience de plus de 20 ans en coaching, Julien Ringuette part d’un constat tout simple : l’être humain mature est celui qui est équilibré et adapté à son environnement.

  • Équilibré : qui se connaît et qui vit en accord avec ce qu’il est.
  • Adapté à son environnement : qui évolue dans un environnement qui lui correspond.

Pour lui, c’est cette maturité qui contribue au bonheur. Il la met en opposition avec les illusions.

Cela n’a fait que renforcer ma conviction de poursuivre la façon dont j’entreprends tous mes coachings de carrière : celle de l’alignement.

Depuis 1999, année de ma certification comme praticien PNL (4), j’ai développé un attrait particulier pour la pyramide des niveaux logiques (aussi appelée pyramide de Dilts (5))

Elle constitue la base de toutes mes interventions. J’y ajoute, pour ma part, une couche dédiée à l’émotion et je cherche la cohérence qui relie les couches de la pyramide.

Ringuette, lui, présente les choses d’une manière un peu différente, en faisant appel à 3 besoins fondamentaux de l’être humain : Aimer, créer et comprendre (6).

Il en tire un schéma de synthèse :

  • Moi -> Ce que je suis -> Aimer -> Âme -> Estime de soi -> Être
  • Ma tâche -> Ce que je veux -> Créer è Esprit -> Réalisation de soi -> Faire
  • Mon environnement -> Ce que je peux -> Comprendre -> Intellect -> Image de soi -> Avoir

La pierre angulaire, c’est l’alignement de toutes ces composantes. C’est cet alignement qui permet de vivre dans l’harmonie…et de trouver le bonheur.

Les illusionnistes.

Qu’est-ce qui peut nous égarer pour trouver cet alignement ? Les illusionnistes !
Les illusionnistes sont partout :

A commencer par nous-mêmes : nos croyances, limitantes ou pas, nos filtres, nos généralisations et nos interprétations nous font voir des mirages.

Untel pense qu’il n’y arrivera jamais parce qu’il n’en est pas capable. Lorsqu’ensemble, nous revoyons ses accomplissements, nous nous rendons compte qu’il a déjà réalisé ce qu’il croyait être impossible.

Telle autre personne a de grandes compétences d’empathie et d’organisation, mais elle le fait tellement naturellement qu’elle ne parvient pas à le reconnaître et à le mettre en évidence.

Notre proche environnement peut nous emmener sur des chemins qui nous éloignent de notre position d’équilibre. Une de mes coachées, à qui je posais la question de savoir pour quelle raison elle avait fait telles études me dit simplement que ses parents l’y avaient poussée, mais que ce n’était pas du tout ce qu’elle voulait faire.

Les entreprises aussi ont leur part de responsabilité : certains systèmes d’évaluation annuels et autres plans de développement personnel, basés sur des statistiques et mal compris, peuvent s’avérer être des miroirs aux alouettes : après une évaluation au-dessus de la moyenne, Untel croit qu’il va avoir une promotion. Or, cela ne se passe pas. Par la suite, cette personne est même « rétrogradée », puis licenciée.

D’autres personnes me disent, lors de nos séances de coaching, qu’elles ne savent pas comment elles ont atterri dans leur fonction actuelle : elles sont depuis un certain temps dans l’entreprise, qui leur a fait des propositions d’évolutions et elles ont suivi le courant, comme emportées dans un navire sans gouvernail.

Au niveau sociétal, les médias, la publicité, les réseaux sociaux sont des réservoirs inépuisables d’illusions : telle crème nous promet une jeunesse éternelle, telle boisson gazeuse va nous faire boire du bonheur, telle « fake news » nous entraîne à tirer des conclusions erronées, tel homme politique nous annonce le paradis pour demain.

Et puis, il y a ce que Julien Ringuette appelle les 4 dragons draineurs d’énergie : EMOI = Égoïsme, Méfiance, Orgueil et Insécurité.

Je ne peux pas résister à partager ceci avec vous (7) :

« Nous avons tous, un jour ou l’autre, connu un être égocentrique dont le but semblait de créer des conflits, de générer haine, méfiance et insécurité autour de lui. L’égocentrique, qui est incapable de s’aimer, va au bout de sa logique tordue en s’organisant pour être détestable en vue d’être détesté. Il pourra ainsi justifier ses comportements : « les gens ne m’aiment pas, j’ai donc bien raison de ne pas les aimer ». Donnez du pouvoir à un vaniteux et vous engendrez un égocentrique. Donnez du pouvoir à un égocentrique et vous créez un vampire. Le vampire psychique est un maître de l’illusion : il utilise le mensonge pour créer la peur ».

Ces lignes, pourtant écrites il y a une vingtaine d’années, nous ramènent tout droit à Trump (et à tous ceux qui ont une tendance comportementale semblable) : « Tweets » simplificateurs, doigt pointé sur le voisin, citations sorties de leur contexte, « vérités » assénées, certitudes inébranlables…

A ce sujet, une autobiographie que j’ai beaucoup appréciée, reflète, sans prétendre être une étude sociologique, comment, aux USA, dans certaines régions défavorisées et abandonnées économiquement (la « Rust Belt »), s’est développée une sous-culture de dépendance et de violence qui a notamment favorisé l’élection de Donald Trump (8).

Le coach

Le coach est un « désillusionniste ».

Le coach, sans juger, va poser les questions qui vont amener le coaché à se découvrir, à pouvoir découvrir les autres, à s’accepter, à s’adapter en restant lui-même, à déterminer ses objectifs et…à devenir un meilleur soi-même.

Ces caractéristiques sont valables, qu’il s’agisse d’un changement individuel ou d’une transformation en entreprise.

Il m’apparaît que la démarche du coaching repose sur les 3 grands principes suivants :

Responsabilité :

Comme le dit Stephen Covey (9) : « Vous êtes le créateur ». Le coach va placer le coaché en position de responsable de sa vie, de responsable de ses décisions. Il va l’aider à décrypter sa carte et sa vision du monde. C’est l’essence même de la proactivité définie par Covey : la liberté de choisir sa réponse par rapport à un stimulus, la faculté de subordonner une impulsion à une valeur. Nous avons l’initiative et la responsabilité de provoquer les choses10.

A l’inverse des illusionnistes, le coach ne va pas dire au coaché ce qu’il faut faire ou ce qui serait bien pour lui ou elle. Par sa bienveillance et sa synchronisation avec lui, il va l’amener à le découvrir lui-même.

Quel émerveillement et quelle gratification que de voir apparaître l’étincelle de l’étonnement chez nos coachés, lorsqu’il prennent conscience d’une chose qu’ils ignoraient les concernant !

Mais revenons un instant aux États-Unis et au niveau macro : on peut à la fois être Président et coach. Souvenons-nous du discours inaugural de J.F. Kennedy : « Vous qui, comme moi, êtes Américains, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. Vous qui, comme moi, êtes citoyens du monde, ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour le monde, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le monde » (11)

Interdépendance

J’ai lu récemment cet article paru sur LinkedIn : “ Americans no longer want a boss : a new report says that the number of self-employed workers could triple by 2020. According to the study by FreshBooks, a cloud-based accounting company, the number of Americans working for themselves could soon reach 42 million” (12).

Ce qui pourrait laisser penser qu’en étant indépendant, on n’a plus de « patron » et qu’on « travaille pour soi ».

Illusions encore ! Pour moi, l’indépendance est un mythe. Nous sommes responsables, certes, comme évoqué ci-dessus. Autonomes, bien sûr. En même temps, nous sommes interdépendants : si je n’ai pas de clients, si personne ne trouve que ce que je fais apporte de la valeur, alors mon entreprise n’a pas d’objet. Mon entreprise va se développer à travers les relations constructives que je vais développer avec mes contacts. Si je suis incapable de travailler en collaborant avec mes collègues, des conflits peuvent naître, qui nuiront à l’atteinte des objectifs.

Encore une fois, Covey exprime très bien cette notion (13) : « En évoluant, nous nous apercevons que tout, dans la nature, est interdépendant, et constitue un système écologique qui nous gouverne – et dont fait partie la société. Nous découvrons encore que les plus grands succès dont nous sommes capables se situent dans le domaine des relations humaines, là où règne l’interdépendance ».

« Si nous souhaitons jouir des fruits de l’interdépendance, il nous faut prendre soin des relations que nous entretenons avec ceux qui nous entourent, car elles seules peuvent produire ces fruits » (14).

C’est la définition même de l’intelligence émotionnelle : la capacité que nous avons à maintenir une relation tout en restant nous-mêmes (15).

Un point-clé pour moi et la raison pour laquelle je l’ai mis en évidence en préparant, au travers du quadrant d’Ofman®, ma certification chez BAO Group–Élan Vital.

La relation coach-coaché(e) est une relation d’interdépendance. Pour Françoise KourilskyBelliard, c’est dans l’interaction que se produit le changement (16). Et le changement (à savoir le passage de l’état présent à l’état désiré) est l’objectif du coaching.

Et pour terminer : créer l’interdépendance est l’objectif majeur de notre formation Expert de Trainer-Coach chez BAO-Élan Vital. Inclure les participants d’un groupe, les faire interagir entre eux, créer l’ouverture et la confiance.

Équilibre

Troisième concept-phare.

L’équilibre, c’est la congruence, c’est être en phase avec tous les éléments qui font que je suis moi. Ce qui implique la découverte et la connaissance de soi. C’est ce que Stephen Covey appelle « l’axe de vie » (17).

La même chose est vraie pour un groupe ou une entreprise, qui, dans ses projets de transformation, recherchera une cohérence avec ses valeurs et sa stratégie.

Le coach, c’est celui qui va aider et accompagner ce processus de découverte et de recherche d’équilibre.
Il le fera aussi dans la validation des objectifs de changement du coaché et veillera surtout à la partie « écologie » : est-ce que mon objectif est bien approprié par rapport à mon environnement ? Ai-je bien pris en compte tous mes rôles ?

Conclusion

Je voudrais faire mienne cette phrase de Françoise Kourilsky-Belliard (18):

« La conduite du changement, cette démarche qui vise à reconstruire une réalité « plus maîtrisable » pour les personnes concernées, est à la fois une éthique et une esthétique. Respecter l’écologie des systèmes humains est une éthique qui génère l’esthétique d’une intervention. A ce titre, la conduite du changement constitue un art où se conjuguent à la fois savoir-faire et savoirêtre. Simple à comprendre, elle demeure néanmoins délicate à mettre en œuvre : il ne s’agit pas de recourir à des recettes standardisées, efficaces dans l’absolu, ni à une mécanique d’intervention ; elles seraient forcément inappropriées pour appréhender la complexité et la diversité des problèmes humains ».

Responsabilité, interdépendance et équilibre : n’est-ce pas là un beau programme pour une société plus durable ?

Finalement, exercer le métier de coach, c’est prendre une position politique.

Dans le sens noble du terme.

Christian Capouillez

 

Christian Capouillez

Coach interdépendant, j’accompagne les personnes, les équipes et les entreprises dans leur transformation.

Les personnes en coaching individuel de carrière.

Les équipes et les entreprises en m’assurant que le changement proposé a du sens pour tous.

Le coaching demeure pour moi le fil rouge et l’épine dorsale d’un changement réussi et, dans les grands projets de transformation d’entreprises, je le combine avec d’autres méthodes de gestion du changement et de communication dans ce que j’appelle « Total Change Management ».

  1.  Daniel D. Ofman, Les qualités fondamentales et le quadrant d’Ofman®, Core Quality Intl, p.41
  2.  Daniel D. Ofman, Les qualités fondamentales et le quadrant d’Ofman®, Core Quality Intl, pp.44-47
  3.  Julien Ringuette, Pour une discipline du bonheur – Le coaching, Éditions Quebecor, 2000
  4.  P.N.L. programmation neurolinguistique.
  5.  Robert Dilts : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Dilts
  6.  Julien Ringuette, Pour une discipline du bonheur – Le coaching, Éditions Quebecor, 2000, p.20
  7. Julien Ringuette, Pour une discipline du bonheur – Le coaching, Éditions Quebecor, 2000, p.129
  8. J.D. Vance, Hillbilly Élégie, Globe, 2017.
  9. Stephen R; Covey, Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, First Business, 1989.
  10. Stephen R; Covey, Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, First Business, 1989, pp. 70-71.
  11. Discours inaugural de John Fitzgerald Kennedy, 20 janvier 1961.
  12. LinkedIn https://www.linkedin.com/Americans no longer want a boss
  13. Stephen R. Covey, Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, First Business, 1989, p. 49
  14. Stephen R. Covey, Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, First Business, 1989, p. 192.
  15. Travis Bradberry & Jean Greaves, Emotional Intelligence 2.0, TalentSmartÒ
  16. Françoise Kourilsky-Belliard, Du désir au plaisir de changer, InterEditions, p. 40.
  17. Stephen R. Covey, Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, First Business, 1989, p. 109
  18. Françoise Kourilsky-Belliard, Du désir au plaisir, p. 312.

 



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